Jour 18
Mercredi 23 Juillet
Cézembre > Tréverien- écluse des Islots - 13 milles + 22 km = 47 km - Départ: 07h10 - Arrivée: 18h00 - Pleine mer: 06h42 - Coefficient: 64
On passe des milles aux kilomètres: adieu les phoques, bonjour les ragondins.
Debout à 5h, nous voulons être au barrage dès le premier éclusage mais il est trop tôt, pas de lune, on n’y voit goutte. Nous devrons attendre les premières lueurs du jour pour nous mettre à l'eau.
Lever de soleil sur Saint-Malo et en tête ce plaisir anticipé de changer d'atmosphère, de passer de l’eau salée à l'eau douce, des milles aux kilomètres et ce soulagement d'avoir fait le plus dur.
Les derniers coups de pagaie salés.
1h10 pour arriver au barrage de la Rance. Le premier éclusage est manqué, le prochain est à 9 heures.
Fantaisiste la date affichée, nous sommes le 23/07/2014.
Dans l’écluse les liens se tissent vite car on sait qu'ils seront brefs ne durant que le temps du remplissage. Nous suscitons la curiosité.
Derrière nous, la baie de Saint-Malo et devant, l’estuaire de la Rance.
Et déjà on s'accroche à l'annexe d'un voilier pour remonter la Rance jusqu'au Châtelier qui marque la fin du domaine maritime. Oups, j’ai manqué la photo du Moulin du Prat.
Il faut faire vite, l’écluse du Châtelier ferme à 11h. Le skipper est cool, il stoppe son bateau quand mon kayak se met en travers, passant sous le canot; je lâche tout, mon leash de pagaie casse, et c'est la première fois de ma vie que je dois sortir la pagaie de secours. La Rance, et comme nous le verrons aussi plus tard l'estuaire de la Vilaine, est un immense garage à bateaux.
Passage au large de la cale de Mordreuc, des gens sont en train de regarder L9 le phoque mascotte de la Rance. Le type qui l’a baptisé ainsi devait être un fan de bataille navale, je ne vois pas d'autre explication.
C’a y est, on est sur la Rance fluviale !
Pause déjeuner.Traversée de Dinan. Et oui, une petite brise nous met de l'air dans les voiles mais ce sera bref.
C’est une France de carte postale, hors du temps mais bien réelle: églises, châteaux, écluses manœuvrées à la main ( là, c’est un peu pour le folklore je pense) . Ambiance cordiale et polie ou les piétons, cyclistes et navigateurs se saluent mutuellement.
Le canal: il y passe en moyenne 5 bateaux par jour en plein rush estival !… Il est bordé d'arbres utiles : châtaigniers, noyers et cerisiers; une idée à méditer quand on sait que les 42 000 platanes du Canal du Midi sont malades et condamnés à brève échéance, que va t'on planter à la place ?
Le rythme des écluses remplace celui des marées avec lequel on pouvait trouver des arrangements. L'administration étant bien moins souple que la nature, il est inutile d'embarquer désormais aux aurores: les portes ne s'ouvrent qu'à 9h et se referment à 19h15 avec un break entre 12h30 et 13h30. Surtout ne pas s'épuiser en portages, les écluses sont si rapprochées, les berges si abruptes, nos bateaux si lourds...
Un soleil de juillet et notre premier bivouac de terrien. Tréverien, écluse des Islots, kilomètre 22 : nous rinçons tout notre matériel et faisons un grand ménage dans les caissons. Jour suivant >