Jour 19
Jeudi 24 Juillet
Tréverien > écluse de Villemorin (Guipel) - 28 km - Lever 7h - départ 9h15
La stratégie du rémora
Nous faisons la rencontre d'un équipage de Nantais bien sympathiques*. Nelly, Marc, leurs enfants Nicolas et Caroline, leurs amis Christian et Annick. Nous les avons dépassés alors qu'ils étaient en train de déjeuner et que l'éclusière leur demandait de se presser afin que nous soyons plusieurs à écluser en même temps. Ils vont nous remorquer toute la journée, nous offrir le café et plus encore. Notre moral est au zénith mais nos bras crient misère. Pour économiser nos forces, nous faisons les tiques, les poux, les lamproies, les rémoras avec les bateaux rencontrés. * sur cette liaison Manche/océan, nous avons trouvés les gens très disponibles et courtois, éclusiers comme plaisanciers. Le rythme imposé par les écluses y est certainement pour quelque chose, on ne peut de toute façon pas aller plus vite que la musique, alors autant profiter du paysage et des personnes.
Techniquement parlant, notre stratégie de bateau-stop n’est pas du remorquage. Nous sommes en aspiration dans la vague d'étrave et celle-ci nous attire vers la carène du bateau, on pourrait ne pas s’agripper du tout néanmoins nous nous tenons au liston au cas ou...
Les éclusiers gèrent deux à trois biefs chacun. Ils se déplacent de l’un à l’autre en vélo électrique ou en scooter selon les distances. En Juillet/Août les deux tiers des titulaires sont en congés et souvent remplacés par des étudiants. Ils se préviennent entre eux par téléphone de notre arrivée et notent sur un registre le nom des bateaux qui passent. Nos kayaks n’étant pas immatriculés, l’éclusier note soit simplement "kayak 1 et kayak 2", soit le nom qu'on lui communique selon notre humeur: Zig & Puce, Castor & Polux, Marius & Jeannette ...
Arrive l'écluse de la Dialais, première d'une succession interminable de 11 biefs sur 2 kilomètres (les "onze" de Hédé) qui va nous prendre 2h30. C'est à la sortie de cette (douce) épreuve que nous atteignons le point culminant de ce tour de Bretagne: 65 m. Les 7 kilomètres suivants sont sauvages, l'eau est stagnante; le canal est ici peu entretenu et bordé de centaines de châtaigniers.
Nous débarquons à 19 h. L'éclusière emmène vite les mariniers nantais faire des emplettes au village. Peu après, un gros orage éclate alors que nous montons les tentes dans la précipitation. La cuisine est interrompue. Nous ne mangerons qu'après la pluie à 21h. Ensuite, petite visite chez nos amis du jour pour écluser ( évidemment ) quelques mojitos. Couchés à 1h du mat, nous avons pagayé seulement 3 km pour 28 km de progression, youpi ! Jour suivant >